Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et le monde seroit dans une paix profonde,
Si, comme dans le cœur d’Iris,
La Vertu commandoit dans tous les cœurs du monde.
Huit guerrières servoient, presque en toute saison,
D’officiers dans la garnison.
L’on y voyoit toujours la Force, la Prudence,
La Justice, la Tempérance,
L’Indifférence et la Tranquillité ;
L’on y trouvoit la Modestie,
Et l’Amitié, qu’un peu de sympathie
Rend semblable à l’Amour par bien plus d’un côté.
L’Amour, pour les gagner, mettoit tout en usage ;
Mais il en connoissoit la vaillance et l’honneur.
Ce n’est pas un petit ouvrage
Que d’attaquer un noble cœur.
Comme il a de l’expérience,
Il distribua les quartiers,
S’empara des hauteurs, des bois et des sentiers,
Avec beaucoup de diligence.
Tous ses retranchements n’avoient aucun défaut.
L’ennemi ne pouvoit lui dresser aucun piége,
Car il étoit alors aussi savant en siége
Qu’il étoit heureux en assaut.
Son courage étoit grand, son soin étoit extrême ;
Il voyoit ses travaux lui-même,
Et ce conquérant, à son tour,
Employoit son adresse à remuer la terre,
Pour persuader que l’Amour
Est infatigable à la guerre.
Cependant, sur le prompt avis
Que la Gloire[1] eut du siége et de la guerre ouverte,

  1. Les intrigues de M. D. L. M. (Voyez p. 11 et 28.)