Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/45

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Elle se dépêcha d’aller au cœur d’Iris,
Pour empêcher les deux partis
De courir à leur perte.
Depuis longtemps elle savoit
Que la Vertu n’avoit point de foiblesse,
Qu’elle écoutoit tous ses conseils sans cesse,
Et que l’Amour quelquefois les suivoit,
Mais que l’Amour, étant opiniâtre,
Ou battroit, ou se feroit battre.
Elle eût voulu que la Vertu
Eût traité l’Amour sans rudesse,
Et que l’Amour eût combattu
Par le conseil de la Tendresse.
Le plus grand de tous ses souhaits
Etoit de presser une paix
Où tous les deux partis eussent de l’avantage :
Le monde l’espéroit, et l’on disoit partout
Que la Gloire étoit assez sage
Pour en pouvoir venir à bout.
L’Amour n’étoit pas sans peine,
Il redoutoit les assiégés,
Et ses gens étoient affligés
De voir son entreprise vaine.
Il prétendoit tout hasarder,
Il ne manquoit ni d’ardeur ni d’audace,
Et vouloit par assaut emporter cette place,
Croyant que la Vertu ne pourroit la garder.
Il fut la reconnoître et résolut ensuite
De l’attaquer des deux côtés :
Il se fondoit sur sa conduite,
Mais souvent il en manque et fait des nullités.