Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/461

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d’une autre passion ; qu’il étoit averti de bonne part qu’il voyoit mademoiselle de Bois-franc[1] avec assiduité ; s’il n’avoit point de honte de songer à entrer dans la famille d’un homme qui ne devoit son bien qu’à ses rapines et à ses usures ; qu’il ne le vouloit plus voir après cela, et que, s’il ne venoit avec lui tout de ce pas remercier le Roi, il n’avoit que faire de compter jamais ni sur son amitié ni sur sa succession[2].

Ce qu’avoit dit le duc du Lude de mademoiselle de Bois-franc étoit vrai ; Biran l’aimoit depuis un mois ou deux. La duchesse d’Aumont en avoit été si jalouse qu’elle n’avoit pas craint d’éclater. Cependant Biran, se voyant pressé de la sorte par son oncle, résolut de se faire un mérite auprès de la duchesse du mariage qu’on lui proposoit. C’est pourquoi, comme ce qu’il avoit dit du Roi n’étoit pas capable de l’arrêter, il prit le parti de contenter son oncle, et s’en fut avec lui remercier ce prince. Il se retira ensuite dans sa chambre, où s’étant fait donner

  1. L’État de la France pour 1669 indique comme trésorier général des maison et finances de Monsieur, duc d’Orléans, aux gages de 4,800 livres par an, M. Joachim Seiglière, sieur de Boisfranc. Sa fille, Marie-Magdeleine-Louise de Seiglière de Boisfranc, née en 1664, épousa, le 15 juin 1690, Bernard-François Potier, duc de Gèvres, et mourut le 3 avril 1702. — Madame de Caylus, dans ses Souvenirs, assure que M. de Roquelaure avoit pensé à l’épouser elle-même. (Edit. Michaud, Paris, Didier, p. 494.)
  2. La succession du duc du Lude devoit en effet revenir à Roquelaure, puisque le duc n’avoit eu d’enfants ni de sa première femme, Eléonore de Bouillé, ni de la seconde, Marguerite-Louise de Béthune, veuve du comte de Guiche.