Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/473

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rien promettre, et, l’archevêque étant allé rendre compte de son message à la duchesse, elle fut extrêmement en peine.

L’archevêque résolut d’y retourner une seconde fois, et, deux visites si près l’une de l’autre ayant donné quelque curiosité à la duchesse de Roquelaure, elle en demanda le sujet à son mari, qui n’avoit pas donné au prélat plus de contentement qu’il n’avoit fait l’autre fois. Comme il étoit encore tout bouffi de colère et qu’il ne cherchoit qu’à décharger son cœur : « C’est, Madame, lui dit-il, qu’il me vient parler pour sa maîtresse, qui a été la mienne, et il désire que je n’en dise point de mal, ce que je n’ai garde de lui promettre. — Pourquoi donc, Monsieur ? lui répondit la duchesse. C’est une chose à quoi la considération vous engage ; outre qu’il est toujours honnête à un homme d’en bien user avec une femme qu’il a aimée. Mais ne sauroit-on savoir qui c’est ? et vaut-elle assez la peine de vous mettre dans l’inquiétude où je vous vois ? — Non, Madame, elle ne le mérite pas. C’est la duchesse d’Aumont, puisque vous le voulez savoir, et elle ne vaut pas mieux que ses sœurs, qui s’en font donner par Roussi et par le chevalier de Tilladet. — Ah ! Monsieur, s’écria en même temps la duchesse, trève de raillerie, et ne m’épargnerez-vous pas plus que les autres ? La duchesse d’Aumont ! un exemple de vertu et de sainteté, et à qui il seroit à désirer que toutes les femmes ressemblassent. — Dites, Madame, plutôt un exemple de tromperie et de perfidie : je la ferai connoître devant qu’il soit peu, et, puisque l’archevêque de Reims en use si mal avec