Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/474

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moi, je ne vois pas que je sois obligé d’en user mieux avec lui. »

Roquelaure, tout spirituel qu’il étoit, lâcha ces paroles un peu légèrement : car, quoiqu’il ne se souciât pas de faire connoître à sa femme qu’il avoit été bien avec la duchesse, c’étoit néanmoins lui faire voir que sa passion duroit encore ; ce qu’il étoit obligé de cacher. Aussi la duchesse ne doutant point de la chose, elle se prit à pleurer, et lui dit que, s’il ne l’aimoit pas, du moins devoit-il avoir la discrétion de ne la pas prendre pour confidente de ses amours ; qu’elle avouoit qu’elle n’avoit ni la beauté ni le mérite de la duchesse d’Aumont, mais que c’étoit moins sa faute que la sienne de ne l’avoir pas choisie plus à son gré. Roquelaure, qui étoit meilleur mari qu’on n’avoit cru et qu’il n’auroit cru lui-même, voyant cette nouvelle querelle, fut obligé de ne plus songer à l’autre, pour apaiser celle-ci. Il lui en coûta quelques caresses, et, n’y ayant rien qui aide plus à remettre une femme de belle humeur, elle voulut s’enquérir encore plus particulièrement qu’elle n’avoit fait des circonstances de son intrigue. Il lui en avoit trop dit pour ne pas achever ; ainsi il lui apprit en peu de mots tout ce qu’elle vouloit savoir, lui promettant néanmoins qu’il lui seroit si fidèle qu’elle n’auroit point sujet de s’en alarmer. La duchesse, qui aimoit la cour et tout ce qui étoit de la faveur, lui dit alors que, s’il parloit de bonne foi, il ne lui refuseroit pas une grâce qu’elle avoit à lui demander, qu’elle le prioit pour l’amour d’elle que la chose n’allât pas plus avant avec l’archevêque de Reims ;