Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/476

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pareillement sans qu’il en eût connoissance, réjouit extrêmement l’archevêque. Il n’étoit pas besoin néanmoins de lui mander de la montrer : il n’y auroit pas manqué, quand même on ne lui en eût pas donné l’ordre. En effet, il prétendoit que cela achèveroit de chasser Roquelaure du cœur de la duchesse, dont il auroit par conséquent l’entière possession. Aussi lui dit-il, en lui faisant voir qu’elle alloit connoître le peu de fonds qu’il y avoit à faire sur la discrétion de ces sortes de gens, qu’il falloit être folle pour s’y confier, et qu’il ne comprenoit pas comment il y avoit tant de femmes qui y faisoient si peu de réflexion. La duchesse, étant si bien prévenue, n’eut garde de ne pas sentir quelque ressentiment à la lecture de cette lettre ; cependant elle fut plus sensible à la joie de savoir que Roquelaure s’étoit radouci qu’à la crainte de se voir à la discrétion de sa femme. L’archevêque, qui alloit à ses fins, fut fâché de lui voir tant de tranquillité là-dessus ; et ils alloient peut-être commencer déjà à se quereller, si elle ne lui eût fait connoître que l’état où elle étoit ne procédoit que des assurances que la duchesse de Roquelaure sembloit donner qu’elle en useroit toujours bien tant qu’elle n’attireroit point son mari ; que, son dessein étant de ne le jamais voir, il étoit donc inutile de se faire des craintes mal à propos.

Roquelaure, n’ayant plus tant de sujet de se louer de l’amour, chercha à s’en consoler dans une autre sorte de plaisir qui étoit toujours à la mode, je veux parler du vin, à quoi tous les jeunes gens qui venoient à la cour étoient obligés