Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/475

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qu’autrement ce seroit lui faire voir qu’elle lui tenoit encore au cœur ; ce qu’elle ne vouloit pas croire de lui, après tous les témoignages qu’il venoit de lui donner de son amitié. Roquelaure se crut obligé de le lui promettre, et la dame, toute ravie de sa victoire, écrivit en même temps un billet de sa main à l’archevêque de Reims pour l’avertir qu’elle avoit obtenu ce que son mari lui avoit refusé. Voici ce qu’il contenoit :

Lettre de la Duchesse de Roquelaure a l’Archevêque de Reims.


Le soin que je prends de la réputation de mon mari et de celle de madame d’Aumont m’a fait le tant prier de ne pas écouter son ressentiment, qu’il m’a accordé ce que je lui demandois. Comme je sais que vous prenez part à la dame, vous pouvez l’en avertir, et même lui montrer ce que je vous mande. Elle sera peut-être fâchée que j’aie tant de connoissance de ses affaires ; mais les miennes m’obligent à lui faire voir que je sais tout, afin qu’elle en use bien avec moi. Belle et aimable comme elle est, je craindrois toujours que mon mari ne l’aimât ; et je suis obligée, étant si éloignée d’avoir tant de mérite, de lui faire connoître que, quoique je ne sois pas méchante naturellement, il est dangereux néanmoins d’offenser une personne qui a son secret entre les mains.

Cette lettre, qui avoit été écrite sans la participation du duc de Roquelaure, ayant été envoyée