Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/478

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bien renoncé à la pudeur, que, quoique son mari, qui lui avoit servi un temps de couverture, fût mort, elle ne laissoit pas de paroître publiquement le ventre plein. Ils étoient ordinairement dans une maison en Brie, appelée Fontenay, et il ne venoit à la cour qu’à la dérobée ; mais il y faisoit toujours parler de lui. Au reste le désordre où il vivoit lui avoit attiré plusieurs affaires, et une entre autres où personne n’avoit jamais pu voir clair. Comme il étoit un soir dans cette maison, il vint descendre un homme dans une hôtellerie du village, lequel pria qu’on le menât au château. Or, c’étoit la coutume que, tant que le marquis de Termes y étoit, le pont-levis étoit levé, ce qui faisoit dire qu’il travailloit à la fausse monnoie[1]. Mais, celui-ci s’étant fait connoître à un signal, on l’abaissa incontinent, et il lui fit fort bonne chère. Le lendemain matin cet homme s’en retourna à son hôtellerie, où il trouva huit cavaliers qui étoient aussi arrivés la veille, et, montant à cheval avec eux, ils s’en vinrent tous de compagnie du côté du château, dont le marquis de Termes étoit sorti avec un gentilhomme de ses amis et avec tous ses domestiques, à qui il avoit fait prendre les armes. Ce marquis rangea tout cela en un gros, et, les autres s’étant rangés de même, l’on commença à combattre de part et d’autre à bons coups de mousqueton et de fusil. Il y en eut quatre ou

  1. Nombre de gentilshommes en province se mêloient de fabriquer de la monnoie : on a vu que le père de madame de Maintenon avoit été accusé de ce crime. Les Grands jours d’Auvergne, par Fléchier, donnent des renseignements curieux sur ce sujet.