Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/479

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cinq d’estropiés, et, après que le combat eut duré près d’un demi-quart d’heure, tout d’un coup quatre cavaliers de ces étrangers se détachèrent des autres et vinrent embrasser le marquis de Termes, qui les mena dans le château, où il y avoit un grand déjeuner.

Cette affaire fit grand bruit à la cour, et le Roi donna ordre qu’il fût arrêté ; mais madame de Montespan, qui, à cause de son mari[1], étoit de ses proches parentes, et qui étoit encore alors fort bien auprès du Roi, empêcha qu’il ne reçût cet affront. Cependant on lui fit demander ce que tout cela vouloit dire, car ce n’étoit ni duel, ni assassinat, puisque c’étoit de l’infanterie contre de la cavalerie, et que les choses s’étoient passées ainsi que je les viens de rapporter ; mais n’en ayant pas voulu dire la vérité, on écrivit au président Robert[2], qui a une maison dans le voisinage, où il étoit alors, de mander ce qu’il en savoit. Ce président, pour satisfaire aux ordres de la cour, fit ce qu’il put pour éclaircir ce mystère ; mais, après bien des perquisitions, il ne put mander autre chose que ce que je viens de dire, dont le Roi fut obligé de se contenter.

Après cette affaire, il lui en arriva bientôt une autre, pour laquelle le Roi n’auroit eu garde d’écouter madame de Montespan, quand même elle auroit eu si peu d’esprit que de vouloir s’entremettre en sa faveur. Il fut soupçonné de poison, crime alors fort en usage en France[3], et qui avoit

  1. Voy. la note 368 ci-dessus, p. 465.
  2. Louis Robert, président en la Cour des Comptes depuis 1679. Il avoit été d’abord intendant en Flandres.
  3. Les mémoires de la Fare ne parlent pas autrement : « Ce qui donna l’idée de ce crime, qui étoit alors fort commun