Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/480

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envoyé en l’autre monde beaucoup de gens qui se portoient bien. Ce qui le fit soupçonner fut qu’une femme qui avoit été condamnée à la mort pour le même sujet l’accusa d’être venu chez elle sous prétexte de se faire dire sa bonne aventure, et chargea en même temps un homme qui avoit été son écuyer de lui être venu demander du poison. Or, on craignoit qu’il n’eût envie de faire un grand crime, car il y avoit longtemps qu’il étoit mécontent, d’autant que le Roi avoit pris tout le bien de sa femme, qui étoit fille d’un partisan ; et comme on ne pouvoit avoir trop de précaution là-dessus, on jugea à propos de s’assurer de sa personne. Il est difficile de dire au vrai s’il étoit coupable ou non, car on tâcha autant qu’on put de dérober au public la connoissance de son affaire. On dit même qu’on fit passer son écuyer par les oubliettes, d’autres disent qu’il fut empoisonné. Quoi qu’il en soit, cet homme n’ayant pu déposer contre lui, il revint à la Cour, où, trouvant la jeunesse si disposée, comme nous avons dit, à faire la débauche, il se mit non-seulement de la partie, mais devint encore un des chefs.

Le duc de La Ferté, qui s’étoit séparé tout à fait d’avec sa femme, fit grande amitié avec lui par la sympathie qu’ils avoient à cet égard. Roquelaure, quoiqu’il fît un peu le sage depuis qu’il étoit marié, ne put refuser néanmoins à ses anciens amis de se trouver à leurs parties

    en France, fut l’affaire de madame de Brinvilliers, fille du lieutenant-civil d’Aubray. » Nous ne rappellerons pas les scandaleuses affaires de ce temps, portées à la trop fameuse chambre des poisons, etc.