Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/487

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princesse de Conti, car elle est aussi bien sa fille que mademoiselle de Nantes. » L’autre se trouva embarrassé de cette réponse et vouloit chercher quelque détour ; mais le prince de Condé lui commanda de lui obéir. Ainsi il vit celui qu’on vouloit cacher ; de quoi ayant averti le prince de Conti, son neveu, il lui conseilla de se venger de l’auteur, qui n’étoit pas encore connu. Cependant on ne manqua pas d’attribuer cela à la cabale, comme étant capable de toutes sortes de sottises ; et, s’y trouvant un faux frère, de Termes fut décelé et abandonné au ressentiment du prince de Conti, qui, sans attendre le conseil du prince de Condé, s’étoit déjà déterminé, sur la connoissance qu’il en avoit eue, à le récompenser de ses peines. En effet, il lui fit donner des coups de bâton, et le duc de La Ferté en auroit eu sa part, pour l’approbation qu’il avoit donnée à ce couplet, s’il ne se fût allé jeter à ses pieds et lui demander pardon[1]. Quoique la punition fût un peu rude pour de Termes, personne ne le

  1. Le bâton n’étoit pas seulement l’arme des vengeances quand il s’agissoit de châtier un poëte ou quelque bourgeois. Les gentilshommes ne se l’épargnoient pas. Ainsi le cardinal de Sourdis fut bâtonné par le duc d’Epernon, et il eut l’honneur, dit Tallemant, d’être le prélat le plus battu de France. Le comte de Bautru passa aussi par le bois, ce qui fournit un bon mot à sa verve intarissable. — Dans la hiérarchie des offenses dont connoissoit le tribunal des maréchaux de France, la bastonnade venoit entre le démenti et le soufflet. — Le traitement dont fut l’objet le marquis de Termes n’a donc rien d’étonnant. Dangeau, à la date du 17 déc., assez près de Noël, comme on voit, 1686, confirme le rapport de notre texte, et Saint-Simon, dans son commentaire, entre, sur ce fait, dans d’assez longs détails. (Journal de Dangeau, I, 81.)