Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/494

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans les matelas, et fit ainsi plusieurs actions extravagantes.

L’Avocat, non celui dont je viens de parler, mais le maître des requêtes dont on a fait mention si honorablement dans la première histoire contenue en ce volume[1], ayant su ce qui lui étoit arrivé, vint le voir aussitôt. Il lui dit qu’il eût à se consoler, et qu’il feroit mettre le sergent en prison ; qu’il tenoit l’ordonnance entre les mains, par laquelle il étoit défendu de saisir les meubles et les carrosses des officiers de la couronne, et que pour une pareille chose il y en avoit eu un qui avoit été trois mois dans le cachot. Le duc, l’ayant remercié, le pria de songer à cela, et il n’eut garde d’y manquer, quoiqu’il eût bien mieux fait de juger de pauvres parties dont il y avoit deux ans que le procès lui étoit distribué. Mais c’étoit le caractère de l’homme d’être le solliciteur banal de tout le monde, pendant qu’il ne pouvoit pas faire une panse d’a touchant ce qui le regardoit. Aussi ses affaires étoient en si bon état qu’il y avoit déjà deux ou trois ans que ses gages étoient saisis, et lui qui parloit de faire donner main-levée aux autres laissoit crier tout le monde après lui, sans se remuer non plus qu’une pierre.

Il avoit été de même le solliciteur touchant la séparation de la duchesse de La Ferté, laquelle, ayant employé sous main le crédit que son galant avoit auprès du ministre, avoit si bien accommodé son mari, qu’elle l’avoit dépouillé de tout son bien. Cependant le chevalier de Tilladet

  1. Voy. t. 2, p. 429.