Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/498

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comme elle craignoit que la duchesse ne l’obligeât à sortir devant que l’occasion s’en présentât, elle lui fit demander pour toute grâce qu’elle voulût bien qu’elle demeurât encore deux jours seulement dans la maison.

Si la duchesse eût su pourquoi, elle se seroit bien donné de garde de le lui permettre ; mais, ne se défiant de rien, elle ne voulut pas pousser à bout une fille qui pouvoit avoir quelque connoissance de ses affaires. En effet, quoiqu’elle en eût usé en habile femme, c’est-à-dire qu’elle eût conduit ses intrigues sans le secours d’une confidente, néanmoins elle se souvenoit que cette fille avoit trouvé une fois le duc de Roquelaure qui sortoit de sa chambre à une heure indue ; et, comme elle savoit qu’elle ne manquoit pas d’esprit, elle eut peur qu’elle n’eût été personne à vouloir savoir ce qu’il y venoit faire si souvent. Elle ne se méprenoit pas à son calcul. Cette fille, qui étoit curieuse comme le sont toutes celles de son sexe, n’avoit pas voulu en demeurer au soupçon après cette circonstance, elle avoit cherché à s’éclaircir. Elle avoit remarqué d’ailleurs que souvent il y avoit eu deux places de foulées dans le lit, tellement qu’elle s’étoit mise en embuscade. Elle n’y avoit pas été longtemps inutilement. Elle avoit vu entrer et sortir le duc de Roquelaure, et, voyant qu’il n’étoit plus en grâce, elle avoit fait la même chose à l’égard de l’archevêque de Reims, dont les fréquentes visites lui avoient été suspectes. Ce prélat avoit cru conduire ses affaires si habilement, qu’il ne s’imaginoit pas que personne les eût pu découvrir. Il avoit gagné un nommé du