Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/501

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Ce fut une grande joie pour toutes les dames galantes que cette gorge-chaude, et elles se virent délivrées par-là de cent reproches qu’on leur faisoit tous les jours, qu’elles devoient ressembler à la duchesse. Cependant la jeunesse, ne se souciant guère que le Roi et le ministre se fussent déclarés contre le marquis de Villequier, fut en foule chez lui pour lui offrir service. Le prince de Turenne[1], fils aîné du duc de Bouillon[2], se montra des plus échauffés ; et, comme c’étoit un jeune étourdi qui s’étoit déjà fait mille affaires, non-seulement il résolut de le voir contre vent et marée, mais il lui applaudit encore partout, soutenant qu’il avoit eu raison. Le Roi, l’ayant su, lui fit fort mauvaise mine ; mais, cela ne l’ayant pas empêché de se présenter toujours devant lui, le Roi prit son temps pour lui faire une mercuriale. Un jour qu’il lui donnoit sa chemise, en qualité de grand chambellan, dont il avoit

    à la duchesse d’Aumont, sa belle-mère. Il avoit été raccommodé quelques jours auparavant avec son oncle l’archevêque de Reims, et ce fut lui qui le présenta à M. et madame d’Aumont. » — En rapportant et rapprochant toutes ces circonstances, Dangeau donne une singulière portée à ces lignes qui paroissent d’abord si inoffensives.

  1. Le prince de Turenne, dont madame de Sévigné disoit : « Comment vous fait ce nom ? » et : « C’est pour dégrader ce nom que je ne dis pas monsieur de Turenne tout court. » (Lett. du 21 déc. 1689 et du 8 janv. 1690.) — Le prince de Turenne étoit fils du duc de Bouillon et de Marie Anne Mancini. Marié, le 21 fév. 1691, avec Anne Geneviève de Lévis-Ventadour, fille du duc de Ventadour et de sa femme, trop connue par ce pamphlet, le prince de Turenne mourut, le 5 août 1692, des suites d’une blessure reçue à Steinkerque. — Voy. ci-dessus, p. 194.
  2. Godefroy-Maurice de La Tour, duc de Bouillon, neveu du grand Turenne.