Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/515

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qu’il conjura de se souvenir que c’étoit pour l’amour d’elle qu’il alloit souffrir l’exil.

Le marquis de Créqui fut délivré de cette manière des cornes que le bon prélat lui préparoit. Cependant, sans songer qu’il avoit peut-être été menacé de ce malheur à cause de l’intrigue dont il se mêloit lui-même, il la continua et ménagea quelques entrevues secrètes entre monseigneur et mademoiselle de Rambures. Comme toutes choses se savent à la longue, quelqu’un s’en aperçut, et, pour faire sa cour au Roi, il lui fit part de sa découverte. Le Roi, pour prévenir toutes les suites, résolut de la marier. Le marquis de Polignac[1], gentilhomme riche et distingué entre la noblesse d’Auvergne, lui faisoit les doux yeux : l’on sut l’engager adroitement à l’épouser, de sorte qu’il se déclara, au grand regret de madame sa mère, qui prétendoit le marier plus avantageusement. Elle lui en parla et fit tous ses efforts pour l’en détourner ; mais la cour, qui redoubloit les siens à mesure qu’elle en avoit plus de besoin, prévalut enfin dans son esprit.

  1. Voy. la note précédente. — Dangeau, à la date du 1er mars 1686, parle ainsi de ces mariages : « Madame de Polignac, qui avoit un décret de prise de corps contre elle depuis long temps, avoit cru pouvoir demeurer à Paris en sûreté et qu’on ne songeoit plus à ces affaires-là. Elle y est donc venue, et a fait proposer des mariages pour son fils ; d’un côté elle a fait parler au comte de Grammont pour sa fille aînée, et de l’autre aux parents de mademoiselle de Rambures. Il y a eu des pourparlers sur tout cela, qui ont fait savoir au Roi que madame de Polignac étoit dans Paris, et on lui a envoyé ordre d’en sortir et de se retirer chez elle. » — On voit que notre pamphlet, qui parle de la répugnance qu’avoit la marquise de Polignac à marier son fils