Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tirer des conséquences fâcheuses. Elle se contenta de le faire ressouvenir de ce qui arriva lorsque le Roi l’avoit trouvée endormie, et de l’alarme qu’elle avoit eue, qu’il n’eût voulu attenter quelque chose contre son honneur. — « Je m’en souviens fort bien, dit le comte, et il me semble que j’entends encore ce grand cri que vous fîtes. — Et moi je me souviens fort bien, lui dit la comtesse, de toutes vos railleries que je ne trouvai point de saison ; mais je vous les pardonnai, parce que vous n’y entendiez point de finesse. »

Ensuite, elle pria le comte son mari de lui dire de quelle manière elle devoit se conduire dans une affaire si délicate : — « Vous le savez mieux que moi, lui répondit le comte. — Vous avez raison, dit-elle ; je sais mon devoir et je ne l’oublierai jamais ; mais je voudrois que vous me dissiez si je dois quitter la cour sur quelque autre prétexte, ou si je dois éviter l’entretien du Roi, ou enfin de quelle manière je me dois conduire. — A moins que vous ne craigniez de succomber à la tentation, lui dit le comte en riant, je ne vois pas que vous deviez vous éloigner de la cour. — Moi succomber, dit-elle en l’interrompant ? non pas, quand le Roi me donneroit sa couronne. — Eh bien ! Madame, lui dit le comte, vous n’avez pas de plus fort rempart que votre vertu, et je ne veux pas d’autre garant de votre fidélité. Quelque passionné que soit le grand Alcandre, il se retirera de lui-même quand il n’aura rien à espérer. »

Il est certain que ce prince n’étoit pas haï de la comtesse, et c’est ce qui entretenoit son