Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/153

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Mme de Maintenon, après le retour du Maure. — Hé bien que fait le Prince ? à quoi s’occupe-t-il ?

Le Maure. — Madame, il est dans un salon, avec le gouverneur de Versailles et sa nièce.

Mme de Maintenon. — Hélas, mon enfant, ce n’est pas pour les beaux yeux de M. Bontemps que ce grand Monarque a tant de complaisance ; il a une autre idée qui lui fait trouver ces moments agréables. Sexe inconstant et volage, qui n’aime que les nouveautés ; vieux pécheur[1], est-ce encore à toi de sentir les appétits de la chair,

  1. Le Roi, vieux pécheur tout ruiné, se seroit assez bien porté, d’après le Journal de la Santé, pendant l’année 1695 ; cependant on ne manque pas de signaler ses purgations habituelles et quelques attaques de goutte, qui l’obligeoient à « se chausser d’un soulier moucheté. » — Le portrait qu’on peut faire de lui à cette époque ne ressemble guère à celui qu’on a pu lire, t. II, page 4. — Louis XIV tenoit de Henri IV et de Louis XIII cette odeur sui generis, qui faisoit dire au baron de Fæneste : — « Tenez, ye me devoutonne : vous sentirez. — Ho vertubieu ! quel parfum. — Et les pieds de mesme. » En outre, on lui avoit arraché une grande partie de la mâchoire gauche, et il en étoit résulté une plaie d’où s’exhaloit au loin une odeur cadavérique nauséabonde ; ses maux de tête et d’estomac l’avoient rendu fort taciturne et avoient assombri son humeur… Du brillant Louis XIV, quand on a lu le Journal de la Santé du Roi, il reste alors bien peu de chose.