Il est certain moment où, seul devant la tente,
Tu fais quelques soupirs pour ta fidèle amante ;
Et, malgré les appas que la guere a pour toi,
Tu souhaites la paix peut-être autant que moi ;
Tu voudrois quelquefois aller comme un tonnerre
Ravager la Hollande et terminer la guerre ;
Et le mortel regret d’avoir quitté mes yeux
Contre les Hollandois te rend plus furieux.
Rapporte donc à moi ta plus louable envie ;
Conserve bien tes jours pour conserver ma vie,
Et, quoique ta valeur te porte à tout oser,
Ne t’expose jamais de peur de m’exposer.
Monseigneur. — Il faut avouer, Madame, que voilà quelque chose de bien écrit et de bien tendre. C’est en vain que le Roi tente d’attendrir un cœur si pénétré de passion ; elle n’aimera jamais Sa Majesté, quelque protestation qu’elle lui en fasse.
La princesse de Conti. — J’en doute fort ; mais que deviendra notre vieille dévote, si le Roi continue d’aimer cette belle fille ?
Monseigneur. — Ma foi, Madame, je n’en sais rien ; ses affaires sont en mauvais état ; n’en parlons pas, la voici avec son Maure qu’elle aime beaucoup.
ENTRETIEN III.
La marquise de Maintenon et son Maure.
La Mise de Maintenon. — Page, va voir où est le Roi. Je suis en peine de ce que Sa Majesté fait.
Le Maure. — J’y cours sans différer d’un moment.