Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/167

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pour soutenir la guerre, qui, comme vous savez, est fort difficile à supporter[1] ?

    à qui l’archevêque de Paris avoit fait espérer qu’on ne demanderoit aucun nouveau sacrifice en 1695, avoit accordé 12 millions de don gratuit : on peut juger de la pression à laquelle il céda lorsqu’on lui demanda ces dix millions qui furent, dit la Gazette, accordés tout d’une voix. La stupeur, le chagrin furent d’autant plus grands que, lorsque parut, en janvier 1695, l’édit imposant une capitation dont personne ne seroit exempt et qui seroit levée tant que la guerre dureroit, l’archevêque avoit en quelque sorte racheté cet impôt en proposant un abonnement de quatre millions par an, supérieur de deux millions, d’après l’évêque d’Orléans, à ce que le Roi attendoit. — (Voy. les Mém. de l’abbé Le Gendre, p. 199.)

  1. La guerre étoit fort difficile à soutenir en effet, et voici des chiffres qui le prouvent : « Si l’on suppose que la guerre du prince d’Orange, commencée en 1688 et terminée en 1697, a employé au service du Roi, pendant les neuf années qu’elle a duré tant sur mer que sur terre, six cent mille hommes qui auront coûté chacun quinze sols par jour en vivres, en solde, habits, armes, chevaux, équipages, vaisseaux, artillerie, le tout par proportion, depuis le général d’armée, jusqu’au dernier tambour et au mousse du vaisseau, la dépense de chaque année a monté à 164,250,000 liv. ; mais le revenu ordinaire ne passoit pas 116,000,000. — Cela supposé, il fallut recouvrer de nouveaux fonds pour l’entretien de la dignité royale, les rentes, les gages et autres dépenses publiques. Cependant tout s’est fait ; mais, pour en venir à bout, il fallut emprunter par des créations d’office, des aliénations, des constitutions de rentes et de nouvelles impositions sur le public déjà chargé des impositions ordinaires, et de plus par la capitation imposée en janvier 1695. Ainsi cette guerre a porté ces charges à près de 600,000,000 de liv. au-dessus des revenus ordinaires pendant les neuf années de guerre. — Il est vrai que ces grandes sommes ne sont pas entrées en entier dans le trésor… Si, par exemple, un traitant se charge d’un recouvrement de six millions de liv., il en retient un pour son profit et a de plus 600,000 liv. pour les deux sols pour livre. Il y a encore les frais de recouvrement estimés à 20 pour cent ; et enfin, quoique le recouvrement soit souvent