Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/168

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Le Père la Chaise. — Je l’avoue, Sire ; mais cependant on murmure fort à la cour céleste de tout ce qui se passe en France et le père Bobinet dit encore que saint Ignace prit la parole au nom de l’assemblée, et dit, comme en colère, qu’il étoit impossible qu’un prince qui renverse le service divin entrât en paradis.

Le Roi, frappant de son chapeau sur la table. — Parbleu, mon Père, je n’y saurois que faire, quand tous les saints du Paradis y trouveroient à redire, et que ce seroit un crime, j’y ai été forcé ; ce n’est que pour un bien qui est la gloire de mon État ; et, quoique j’en aie donné les ordres, ce ne peut être au plus à mon égard qu’un péché philosophique[1], comme vous me l’avez dit mille fois.

    assez facile, si le traitant veut payer à titre d’avance, il retire les intérêts à 10 pour cent : d’où il arrive que le Roi ne tire que quatre millions et demi de ce dont le peuple paye sept à huit millions de livres. » (6e mém. de Boulainvilliers, t. II, pp. 128-132.)

    Du reste, plus étoient grandes les charges imposées au pays, moins le trésor royal avoit de ressources. Le comte de Boulainvilliers (ibid., p. 153) nous en fournit la preuve. En 1688, les tailles étoient de 32,486,911 liv. ; sur cette somme, le trésor a reçu 29,929,240 liv. ; en 1707, elles étoient de 36,755,985 liv. ; sur cette somme, le trésor n’a reçu que 23,538,408 liv. — Ainsi, les tailles ayant augmenté de 4,269,074 liv., la recette, entre 1688 et 1707, a diminué de 6,390,832.

  1. « Le péché, en tant qu’il blesse la raison, est appelé philosophique ; et, en tant qu’il offense Dieu, il est appelé théologique. » Un grand débat eut lieu dans le clergé à l’occasion de ce péché philosophique ; il eut pour origine une thèse qu’un jésuite nommé Meunier, professeur au collége de Dijon, avoit fait soutenir en 1686, thèse conçue en ces termes : « Le péché philosophique, commis sans aucune connoissance de Dieu et sans aucune attention à lui, n’est