Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/169

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Le Père la Chaise. — Sire, ne vous emportez pas, nous tâcherons de réconcilier Votre Majesté avec les puissances célestes, et de rendre véniels tous les péchés qu’elle commettra par ignorance.

Le Roi. — Vous ferez bien, car je n’aime pas les querelles, et ne veux pas être contredit dans mes actions. Tâchez donc, mon révérend Père, de faire ma paix avec les saintes Intelligences, et de me bien mettre dans leurs esprits ; car autrement je craindrois fort qu’il me laissent longtemps brûler en purgatoire pour se venger.

Le Père la Chaise. — Ne vous alarmez point, Sire ; je donnerai un bon passe-port à Votre Majesté pour la rendre heureuse en l’autre vie ; d’ailleurs, ne doit-elle pas tout espérer de tant de belles actions qu’elle a faites pendant son règne, et de toutes les âmes qu’elle a converties par ses dragons[1], que nous appelons les gendarmes du ciel ?

    point une offense à Dieu ni un péché mortel. » — La Société le désavoua ; mais, en 1689, M. Arnaud la dénonça au pape, aux évêques, aux princes et aux magistrats comme une nouvelle hérésie ; les poètes en firent des chansons, dont quelques-unes fort jolies, dit l’abbé Le Gendre, sur l’air du Noël : Or, dites-nous, Marie. Les enfants, les femmes, les laquais apprirent par cœur ces vaudevilles ; on les fit chanter dans les rues. (Mém. de l’abbé Le Gendre, pp. 123-125.)

  1. Le Roi, ayant en quelque sorte codifié, par l’édit de révocation de l’édit de Nantes, tous les autres édits antérieurement portés par lui et qui, d’année en année, rendoient plus difficile en France l’exercice de la religion protestante, compléta son œuvre en envoyant, particulièrement dans les Cévennes, des missionnaires dont les prédications étoient soutenues par des dragons : « Nous envoyions dix, douze ou quinze dragons dans une maison qui y faisoient