Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ENTRETIEN VIII.

Madame de Maintenon et Monsieur Fagon, premier médecin du Roi.

M. Fagon. — Madame, je suis votre très humble serviteur ; comment vous portez-vous ?

Mme de Maintenon. — Je me porterois bien, Monsieur, si je n’avois point de chagrin qui est, comme vous savez, un poison pour la santé.

M. Fagon. — Il est vrai, Madame, Hypocrates nous dit aussi, dans son traité de médecine, que les personnes gaies sont rarement malades[1].

Mme de Maintenon. — Hé, comment, Monsieur, pouvoir rire ? l’on a du chagrin à tout moment.

M. Fagon. — Quel est donc le vôtre, Madame, ose-t-on vous le demander ?

Mme de Maintenon, poussant de gros soupirs. — Oui bien, Monsieur, c’est le Roi qui me le donne.

M. Fagon. — Quoi, Madame, un prince si bénin, si débonnaire pourroit vous affliger ?

Mme de Maintenon. — Monsieur, le déplaisir que ce monarque me cause est qu’il veut s’attacher de nouveau à une petite beauté qui lui donnera bien à songer. Vous savez que

  1. Les Aphorismes d’Hippocrate ne disent rien de semblable ; mais l’école de Salerne dit :
    Si vis incolumem, si vis te reddere sanum,
    Curas tolle graves…