Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/172

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l’exercice amoureux ne lui vaut rien à l’âge où il est[1].

M. Fagon. — J’en conviens, Madame ; l’amour rend l’homme foible et chancelant quand il ne se conduit pas sagement ; mais user un peu de cette passion sobrement, n’est pas méchant pour la santé. Nous avons même un de nos savants docteurs qui ordonne de temps en temps de se servir de femmes et de vin pour se bien porter[2].

Mme de Maintenon. — De grâce, Monsieur, n’allez pas dire cela au Roi. Ce prince, qui est naturellement sensible à l’amour, en profiteroit plus que vous ne croiriez, et Sa Majesté se perdroit dans les combats de Vénus.

M. Fagon, riant. — Est-il possible, Madame ?

Mme de Maintenon, branlant la tête. — Il n’est que trop vrai, Monsieur ; je connois ce monarque, il pousse les choses jusques à l’excès ; et c’est son penchant que les femmes.

M. Fagon. — Quelle est donc la beauté, Madame, qui engage à présent le Roi ? je le croyois détaché de tout attachement charnel.

Mme de Maintenon. — Monsieur, est-ce que vous ne le savez pas ?

M. Fagon. — Non, Madame ; qui est-ce qui me l’auroit dit ?

Mme de Maintenon. — C’est la nièce de M. Bontemps notre gouverneur de Versailles,

  1. Le Roi avoit alors cinquante-sept ans.
  2. L’école de Salerne a, dit-on, formulé ce précepte ; mais nous l’avons vainement cherché dans son Régime de santé.