particulièrement depuis qu’il a sa belle en tête.
M. Fagon. — Ne vous chagrinez point, Madame, de cette amourette : c’est un feu volant qui passera comme les autres ; il est trop ardent, à ce que vous m’avez dit, pour être de durée.
Mme de Maintenon. — Cependant, Monsieur, je ne laisse pas d’en avoir bien du chagrin.
M. Fagon. — Madame, vous avez trop de vertu et trop de politique pour ne pas savoir vous contraindre ; un peu de complaisance sied bien, et principalement à la Cour où il s’en faut beaucoup servir.
Mme de Maintenon. — Rien de plus vrai, Monsieur, la feinte et la dissimulation sont les qualités les plus nécessaires aux courtisans.
M. Fagon. — Madame, je prends congé de vous ; voici le Roi qui vient, je m’en vais au-devant.
Mme de Maintenon. — Adieu, Monsieur, n’oubliez pas de dire au Roi qu’il prenne soin de sa personne.
M. Fagon, prenant la main de Mme de Maintenon. — Je n’y manquerai pas, Madame, prenez du repos.
Mme de Maintenon. — Monsieur, avant que je vous quitte, tâtez un peu mon pouls.
M. Fagon, lui prenant le bras. — Il est un peu ému, mais ce ne sera rien ; et si cela continue, mon chirurgien[1] vous saignera par la veine
- ↑ « Chirurgica tota continui divisione, divisi unione et extractione alieni comprehenditur. » La chirurgie étoit donc un métier tout manuel, et, dans le serment que les chirurgiens prêtoient, ils s’engageoient à ordonner seulement « quæ