Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/189

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galanterie ; mais les autres sont de saintes âmes qui ne font que prier Dieu nuit et jour.

M. de Pontchartrain. — Sire, M. de Pomponne proposa encore un autre moyen, qui semble être une dépendance de celui que Votre Majesté veut dire : c’est de taxer toutes les filles de joie[1] de votre royaume, et ceux qui les entretiennent.

Le Roi, en riant. — Il faut donc qu’il se mette le premier en tête ; car je sais qu’il ne hait pas les femmes[2].

M. de Pontchartrain. — Cela s’entend, Sire, c’est peut-être pour avoir le plaisir de payer et vous marquer son zèle, que ce ministre a inventé ce moyen qui n’est pas méchant.

Le Roi. — Cela est assez sujet à caution ; mais quittons la raillerie, et pour conclusion de cet entretien, faites fond, suivant le plan que

  1. Il n’étoit point question, à cette époque, de taxer les filles de joie, mais de les retirer du vice. C’est alors, en effet, que Mme de Combé, hollandoise de nation, fonda le Bon Pasteur, qui, après des commencements modestes, fut définitivement établi en 1698. Voy. Delamare, Traité de la police, I, 530 et suiv.
  2. Ce qu’on reprochoit surtout à Pomponne c’étoit sa négligence ; l’abbé Le Gendre dit qu’il « laissoit quelquefois des dépêches deux ou trois jours sans les ouvrir. On disoit encore qu’il faisoit part aux jansénistes de tous les secrets de l’État, qui étoient son conseil, et qu’il ne faisoit rien par lui-même. » Ce fut là la cause avouée de sa destitution, mais « la principale peut-être fut que son emploi faisoit envie à M. Colbert qui étoit bien aise de l’exercer sous le nom de son frère de Croissy, à qui il le fit tomber. » (Mém. de l’abbé Le Gendre, pp. 137-138.) — Voir les Mém. de Louis XIV, édit. Dreyss.