Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/198

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M. Bernier. — Le remède est admirable, Madame, pour se rafraîchir le sang.

Mme de Maintenon. — Il faut que le Roi se fasse aussi saigner, car je remarque que ce prince a le sang fort échauffé depuis qu’il…

M. Bernier, en riant. — Il n’y a point de doute, Madame, les jolies femmes incommodent toujours la santé des hommes, parce qu’ils font plus que leurs forces.

Mme de Maintenon. — Hélas ! mon cher Monsieur, le Roi se perdra.

M. Bernier. — Madame, notre grand monarque reviendra de cette mort.

Mme de Maintenon. — Avec bien de la peine ; à l’âge où il est, la nature s’épuise.

M. Bernier. — Madame, voilà ma lancette prête ; vous plaît-il que je vous saigne ?

Mme de Maintenon. — Très-volontiers, Monsieur ; tenez, voilà mon pied : songez que je suis difficile à tirer du sang.

M. Bernier. — Ne craignez rien, Madame, nous en viendrons à bout ; tournez seulement la tête, et ne vous mettez point en peine du reste.

Mme de Maintenon. — La Fortune, apportez un bassin et de l’eau.

La Fortune. — Madame, en voilà.

M. Bernier. — Madame, c’est fait.

Mme de Maintenon. — Quoi, Monsieur, si promptement, sans que je l’aie presque senti ? A la vérité, vous êtes un brave homme, et ce n’est pas sans raison que le Roi vous aime.

M. Bernier, en faisant une profonde révérence. — Madame, je suis votre serviteur aussi bien