Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/197

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point de différence entre toutes les bêtes et les animaux qu’ils pansent, pourvu qu’ils gagnent de l’argent.

Mme de Maintenon, en colère. — Va, tu n’es qu’un sot, La Fortune, avec tous tes petits raisonnements ; cours dire à Bernier qu’il vienne promptement, que le Roi en a à faire.

La Fortune, bas. — Peste soit de la vieille P…[1] ; je voudrois qu’il te mît la lancette si avant qu’elle n’en sortît jamais pour tes péchés.

M. Bernier, arrivant. — Ah ! Madame, mille excuses de vous avoir tant fait attendre ; j’étois occupé au service du prince de Conty.

Mme de Maintenon, d’un air fier. — Vraiment vous lui rendez là un beau service, de saigner sa cavale ! c’est le fait d’un maréchal, mais non pas le vôtre.

M. Bernier. — Madame, c’est la plus jolie bête du monde, qu’il aime comme sa vie, et je n’ai pu me dispenser de lui rendre un tel office.

Mme de Maintenon. — Je vois bien, Monsieur, que les gens de votre trempe font tout pour de l’argent ; mais quoi qu’il en soit, entrons en matière. Je veux que vous me saigniez du pied à l’eau[2], pour m’apaiser les vapeurs qui me montent incessamment, et qui me rendent rouge comme vous me voyez.

    fut médecin des chevaux du roy Louis XIII, et après il le fut du Roy mesme. » — (Borel, Trésor des recherches et antiquités françoises. In-4°, 1655.)

  1. C’étoit le langage de la Reine parlant de Mme de Montespan : « Il lui échappoit souvent de dire : cette pute me fera mourir. » (Saint-Simon.)
  2. Furetière admet la locution : « Saigner le pied en l’eau » et c’est ainsi sans doute qu’il faut lire.