Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des choses bien sensibles pour un prince qui se voyoit il n’y a pas longtemps maître des mers.

Mme de Maintenon. — Peut-être, Sire, que le dommage n’est pas si grand que l’on croit, et que pour peu de chose on rétablira ce désordre.

Le Roi, d’un ton chagrin. — Parbleu, Madame, vous n’en savez rien ; l’on ne rétablira pas la ville de Saint-Malo pour cent mille écus.

Mme de Maintenon. — Enfin, Sire, ce sont des coups du ciel que l’on n’a pu éviter, et il faut s’y résoudre.

Le Roi. — Je l’avoue, Madame ; mais cela n’en est pas moins désagréable.

Mme de Maintenon. — Mon cher prince, il me semble que ce sont vos péchés qui sont cause de ces châtiments si touchants ; n’y réfléchissez-vous point quelquefois ?

Le Roi. — Ce n’est pas à vous, Madame, que j’en dois rendre compte ; l’homme est né pour pécher, et sans le péché la miséricorde de Dieu seroit inconnue sur la terre.

Mme de Maintenon. — Il est vrai, Sire ; mais Votre Majesté croit-elle que Dieu autorise tous les plaisirs criminels que la corruption du siècle ne fait passer que pour bagatelles et pour de simples passe-temps ? Elle devroit éviter avec soin tous les plaisirs inutiles, qui sont de vrais obstacles au salut.

Le Roi. — Eh ! quels sont ces plaisirs inutiles,

    fut dansé ; à la seconde entrée, un chœur de Malouins chantoit devant Neptune :

    Désormais sur ces bords vivons sans épouvante ;
    Neptune a de l’Anglois repoussé la fureur.