Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/206

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Mlle du Tron. — Elle est animée d’un si grand zèle, qu’elle persuade facilement ce qu’elle dit, et rien ne touche plus que sa conversation.

Le Roi. — La vôtre, ma chère demoiselle, est bien d’un autre prix ; elle a pour moi des charmes qui ne se trouvent point ailleurs.

Mlle du Tron. — Sire, Votre Majesté a trop de bonté pour moi, et je ne mérite pas une préférence si avantageuse ; mais je vois M. de Pontchartrain qui monte l’escalier ; apparemment ce ministre veut entretenir Votre Majesté sur quelques affaires.

Le Roi, chagrin. — Cela se peut bien, Mademoiselle ; mais, dieux ! que cet importun vient mal à propos interrompre mes plaisirs ! Je suis plus à plaindre que le plus chétif gentilhomme de mon royaume, n’ayant pas la liberté d’entretenir ce que j’aime ; cependant je vois bien qu’il faut encore me résoudre à l’écouter.

Mlle du Tron. — Sire, il ne demeurera peut-être pas longtemps.

Le Roi. — Hélas ! je le souhaite, mais je connois trop ces messieurs ; leur conversation est toujours longue.

ENTRETIEN XVI.

Le Roi, Mademoiselle du Tron et Monsieur de Pontchartrain.

Mademoiselle du Tron, à l’arrivée de ce ministre, se retire comme auparavant pour le laisser seul avec le Roi.

M. de Pontchartrain, s’en apercevant, dit : —