Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/207

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Sire, j’interromps sans doute Votre Majesté, étant occupée si agréablement.

Le Roi, d’un air chagrin. — Monsieur, vous êtes toujours le bien venu ; mais je ne suis pas présentement en humeur de vous entretenir.

M. de Pontchartrain. — Sire, je m’en vais, plutôt que d’être incommode à Votre Majesté.

Le Roi, en le retenant. — Demeurez, Monsieur, puisque vous voilà ; qu’avez-vous à me dire ?

M. de Pontchartrain. — Sire, le sujet qui m’amène est celui des impôts dont Votre Majesté m’a parlé l’autre jour.

Le Roi, d’un air sévère. — Eh bien, Monsieur, avancez ; que voulez-vous dire ?

M. de Pontchartrain. — Sire, je viens vous représenter que l’impôt sur les vents qui avoit été projeté, s’étant divulgué malgré moi dans Paris, chacun murmure contre les ordres de Votre Majesté, et que le peuple crie, et se mutine avant qu’on lui fasse du mal.

Le Roi. — Monsieur, je me moque du peuple et de ses cris. Il faut soutenir la guerre à quelque prix que ce soit.

M. de Pontchartrain. — Je le sais bien, Sire ; mais cependant on ne peut fermer les oreilles à tout ce qui se dit.

Le Roi. — Eh bien, il faut laisser parler le monde et continuer d’agir. Mais enfin avançons, quel est votre but ?

M. de Pontchartrain. — Sire, c’est de vous communiquer un avis qui paroît être utile à votre dessein : je l’ai trouvé écrit en un