Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/222

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pas le seul commandant dans la ville. Prenons courage, nous avons encore le château.

Le Roi. — Ma foi, Madame, je n’estime plus une chose à demi partagée ; je veux tout ou rien ; qu’en dites-vous, monsieur le Médecin ?

M. Fagon. — A la vérité, Sire, les choses sont plus agréables quand on les peut posséder entièrement.

Le Roi. — C’est aussi ma pensée ; mais passons de la guerre à la médecine. Dites-moi, je vous prie, d’où me viennent de grandes oppressions de rate, et des palpitations continuelles que je sens ?

M. Fagon. — Sire, Galien nous dit que les oppressions de rate viennent d’une grande mélancolie, laquelle fait enfler cette partie interne par les vapeurs qu’elle renvoie au cœur, qui la mettent en cet état.

Le Roi, soupirant. — Galien est sans doute un habile docteur ; mais quel remède donne-t-il contre ce mal ?

M. Fagon. — Sire, ce savant ordonne contre tous les maux, et nous aussi, tout ce qui leur est opposé. Par exemple, la joie est opposée à la mélancolie qui fait son séjour dans la rate : pourquoi il la faut bannir si l’on peut ; et pour cet effet, on doit prendre dans la journée, deux ou trois onces de joie bien préparées[1], qui dissipent la bile noire que le chagrin fait naître.

Mme de Maintenon. — Voilà un remède

  1. C’est ainsi que Citois, médecin de Richelieu, lui ordonnoit parfois de prendre deux ou trois drachmes de Bois-Robert : Recipe Bois-Robert.