j’enrage de la voir. De grâce, envoyez un de vos bons anges pour me consoler et me soutenir dans mes douleurs.
M. Bontems. — Madame, ne vous chagrinez pas, c’est un amour qui passera ; l’infidélité du Roi ne détruira rien de vos affaires ; ce Prince retournera toujours à vous comme à son souverain bien.
Mme de Maintenon. — Dieu le veuille, Monsieur, c’est le vœu que je fais tous les jours ; mais hélas ! que votre nièce est redoutable.
M. Bontems. — Ce n’est pas, Madame, par ses caresses, car rien n’est si indifférent qu’elle, et jamais elle n’a fait d’amitié à personne qu’au duc de[1]… son galant, qu’elle aime assez tendrement.
Mme de Maintenon. — Cependant, Monsieur, il faut vous avouer que je ne la trouve pas déplaisante en ses manières ; elle charme quand elle parle, et le son de sa voix est incomparable ; de plus, elle a beaucoup l’air de Cour, ce qui est un grand avantage.
M. Bontems. — Il est vrai, Madame ; avez-vous aussi remarqué ce souris ravissant, qui l’embellit extrêmement ?
Mme de Maintenon. — Oui, oui, Monsieur ; ne me faites point son portrait ; elle n’est que trop peinte dans mon esprit, et vous voyez que quelque tort qu’elle me fasse, je ne laisse pas de rendre justice à ses bonnes qualités. Mais, pour revenir au Duc dont vous m’avez parlé, qu’elle aime, le Roi peut-il s’accommoder d’un
- ↑ Voyez page 138, note 60.