Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/230

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ENTRETIEN XXIV.

Madame de Maintenon, et Monsieur Bontems.

Mme de Maintenon, venant d’écouter à la porte du cabinet. — Monsieur, à qui parle donc le Roi ? qui est-ce qui est avec lui ?

M. Bontems. — Ma foi, Madame, je n’en sais rien.

Mme de Maintenon. — Mais j’ai vu sortir votre nièce du cabinet.

M. Bontems. — Vous êtes donc plus savante que moi, car je puis assurer que je n’en sais rien.

Mme de Maintenon. — Il faut avouer que vous avez grand tort de la laisser davantage ici ; elle trouble entièrement le repos de notre grand Monarque.

M. Bontems. — Je ne saurois qu’y faire, car c’est par l’ordre du Roi qu’elle demeure si longtemps à Versailles.

Mme de Maintenon. — O fatalité sans égale ! quand elle parut à l’Opéra et que ce Prince la vit, il en devint d’abord amoureux. Depuis ce triste moment je ne fais que languir.

M. Bontems. — J’en suis bien fâché, Madame ; si j’avois prévu ce malheur, je ne l’aurois pas fait venir de Normandie. J’entre trop dans vos intérêts pour pouvoir jamais vous déplaire, du moins volontairement, et je suis au désespoir que sa présence vous chagrine.

Mme de Maintenon, poussant deux ou trois gros soupirs. — Ah ! grands Saints, qui connoissez mes pensées, vous n’ignorez pas que