Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/237

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ENTRETIEN XXVII.

Le Roi, Monseigneur, et la Princesse de Conti.

La Princesse, entrant. — Il faut avouer, Sire, que Mignard étoit un habile peintre ; il a peint ici Vénus qui pleure son Adonis[1] si au naturel, qu’il n’y manque que la parole pour l’animer.

Le Roi. — Il est vrai, Madame, la Cour a beaucoup perdu par sa mort. Les derniers portraits qu’il a faits des trois jeunes Princes du sang[2], sont admirés de tout le monde.

La Princesse. — Particulièrement le duc

    en cette ville (Paris), âgé de 84 ans. » — Dangeau : «Dimanche, 29 mai : le bonhomme Mignard mourut à Paris ; il avoit 84 ans ; il étoit premier peintre du Roi, charge qui vaut 12,000 francs et des logements ; les ouvrages qu’il faisoit présentement étoient les plus beaux qu’il eut faits de sa vie. » — La charge de premier peintre fut supprimée par Louis XIV ; mais à sa mort, le Régent la rétablit en faveur de Coypel, honoré précédemment du titre de premier peintre de Monsieur.

  1. Ce tableau ne figure pas dans la liste des tableaux de Mignard.
  2. « Mignard ayant eu ordre alors de faire les portraits de la famille royale, peignit dans le même tableau Monseigneur, Madame la Dauphine et les trois princes leurs enfants… Il a été gravé avec ces vers de Santeul :
    Aspice venturos futura in sæcula Reges ;
    Gallia, quondam orbis sentiet esse suos.
    Dans ces jeunes héros dont l’auguste naissance
    Promet cent miracles divers,
    Tu vois tes Rois, heureuse France,
    Et peut-être y vois-tu ceux de tout l’Univers.

    (Vie de Mignard, par l’abbé de Monville, Paris, 1730, in-12, p. 137.)