Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/239

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Monseigneur. — C’est aussi ma pensée, Madame. Parbleu rien n’est si difficile à trouver qu’une fille qui ait gardé la fleur de sa virginité.

Le Roi, en riant. — Eh ! comment le savez-vous, Monsieur ?

La Princesse. — Sire, la dernière aventure que le Prince a eue à Marly, confirme ce qu’il dit. Le comte de Saint-Maure l’a trompé plaisamment[1].

Monseigneur, s’approchant de la Princesse. — Ah ! la méchante ! elle va découvrir le pot aux roses.

Le Roi. — Dites-moi donc, Madame, le tour qu’on lui a joué ?

La Princesse, regardant Monseigneur. — Parlerai-je, mon cher ?

Monseigneur, en souriant. — Tout comme il vous plaira, Madame, la chose m’est indifférente à présent ; je n’ai plus que faire de la provinciale aux yeux charmants.

La Princesse, malicieusement. — Voilà comme on parle, quand on s’est servi des dames.

Monseigneur. — Ma foi, Madame, la pauvre fille m’a très-peu servi ; car dès la première fois que je touchai son teton, je vis bien qu’elle n’étoit pas pucelle.

Le Roi. — Il vous en faut des pucelles ? je gage à coup sûr que ce comte de Saint-Maure lui avoit assuré que jamais on n’avoit forcé ses lignes.

La Princesse. — Voilà justement l’affaire,

  1. Le comte de Sainte-Maure étoit en grande faveur auprès de Monseigneur qui, d’après Saint-Simon, lui donna un jour jusqu’à 2,000 louis, à la prière de la princesse de Conty, pour payer ses dettes de jeu. Voy. t. III, p. 197.