Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/247

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tout autrement et ne regarde au contraire cette femme que comme le fléau de la France, qui causera infailliblement sa ruine, si Votre Majesté ne se garantit de ses artifices, et se laisse conduire plus longtemps par ses dangereuses persuasions.

Le Roi. — Elle dit pourtant qu’elle ne travaille que pour le bien de mon royaume, et semble aller au-devant de tous mes souhaits.

Mlle du Tron. — Sire, sa politique est bien fine, elle a ses vues particulières qui sont plus intéressées que Votre Majesté ne pense ; mais je n’en parle qu’en passant, et ce ne sont point mes affaires ; je vous dirai seulement que vous devez vous en défier, étant fort à craindre. Pour revenir à notre sujet, il faut que vous demeuriez d’accord que j’aurois eu peu de raison de vous avouer que vous possédez seul mon cœur, si elle étoit encore maîtresse du vôtre.

Le Roi, se passionnant. — Votre délicatesse me charme. Non, ma chère demoiselle, mon cœur est tout à vous, et elle n’y a plus aucune part ; cessez donc de vous alarmer sur de fausses apparences, et croyez que vous seule me tiendrez toujours lieu de tout ce que j’ai de plus cher au monde.

Mlle du Tron. — Si vous ne me trompez point, mon cher prince, mon cœur est à vous à ces conditions, et je répondrai de ma part à tous les sentiments de tendresse que Votre Majesté aura pour moi ; mais ne me trompez pas.

Le Roi, la baisant. — Non, ma charmante demoiselle, j’en suis incapable ; que nos cœurs