Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/255

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qui faisoit autrefois sa félicité, ne le charme plus que foiblement, et les douceurs qui ont enchanté ce Monarque paroissent mourantes et sur leur fin. Pendant qu’il languit, et que sa raison et ses transports sont de retour, il faut faire la revue de ses amours, et voir le terrible changement qui se trouve chez ce Prince, après avoir décrit les plus doux moments de sa vie.

L’on ne voit rien dans cet Univers,
Qui soit constant et solide,
Le sort des humains décide,
Selon les sentiments divers.

Je reviens à l’ardente passion du Roi, et je laisse ma Muse pour une autre fois ; je veux suivre toutes les démarches qu’il a faites dans ses amourettes, et dire que rien dans la vie ne l’a touché si sensiblement que la possession d’une personne aimable. Mademoiselle de Manchini[1] avec son air commun et sa petite taille, mais de l’esprit comme un ange, a fait passer à ce Prince des heures charmantes[2]. Souvent madame de Venelle[3] les surprenoit dans leurs conversations touchantes ; mais il faut dire à la vérité que leurs joies n’ont été qu’imparfaites. Notre Prince l’auroit épousée, sans les oppositions du cardinal Mazarin[4] qui étoit prié de la reine-

  1. Voy. t. II, pp. 1-24.
  2. Les deux lignes qui précèdent et celles qui suivent jusqu’au dernier paragraphe de la p. 10 sont copiées sur la deuxième historiette du 2e volume de ce Recueil (pp 31-33).
  3. Voy. t. II, p. 32.
  4. Voy. t. II, pp. 10 et 21 (notes).