Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/269

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jolie enfant l’empêcha de répondre au Roi qui la quitta, et qui fut chez La Valière, où ce prince rêvoit et lisoit[1], et sortoit quelquefois sans lui parler. Il n’y eut que monsieur de Bussy qui lui dit que ce n’étoit qu’un dépit amoureux, et que ce Dieu prendroit bientôt le soin de mettre d’accord nos illustres amants. Enfin ce malade amoureux pria son confident d’aller trouver sa maîtresse et de lui faire un fidèle rapport de ses peines.

Notre belle reçut le marquis avec une mélancolie touchante, et lui dit que le caprice du Roi l’avoit affligée, et qu’elle n’étoit pas d’humeur à lui demander pardon d’un mal qu’elle n’avoit point fait ; que ce n’étoit pas à cause qu’il étoit son prince qu’elle avoit pris le soin de lui plaire, et que pour un autre, elle en auroit fait autant, si elle l’avoit aimé[2]. Le duc de Saint-Aignan qui arriva rompit la conversation, en présentant à cette charmante mignonne un sonnet que le Roi avoit fait et qu’il lui envoyoit. En voici les expressions :


A MON INCOMPARABLE.
SONNET.Percé de mille coups par une main cruelle,
Je suis au désespoir, car dans tout mon tourment,
Je ne puis recevoir aucun soulagement,
Que de celle qui rend ma blessure mortelle.
Si le mal que me fait endurer cette belle,
Souffroit que [je] la visse en homme indifférent,

  1. Nous rentrons dans le texte du Palais-Royal, mais avec d’assez notables différences. Cf. t. II, p. 51-52.
  2. Ce qui suit n’est pas dans le texte du Palais-Royal.