Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/271

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tous les jours. Je ne trouve plus en moi d’attraits assez puissants pour vous attacher un moment. — Ah ! lui répliqua le Roi, avec une passion extrême, ma belle enfant ! je ne trouverai jamais une personne si aimable que vous, et qui possède un esprit si distingué. Ce sont ces divins appas qui ont su me charmer, et qui font que, dans les déserts solitaires et sauvages, l’on trouveroit des plaisirs charmants. Vous outragez un prince qui vous adore, et qui fait vœu de vous aimer toute sa vie. » — « Hélas ! mon illustre prince, lui répondit La Valière, d’un air languissant, je n’ai point de termes assez forts pour vous marquer les obligations infinies que je vous ai. Je vous dirai sincèrement que ce n’est point l’éclat de votre couronne, ni le brillant de votre sceptre qui vous a donné la possession de mon cœur. Croyez, continua cette mignonne, en regardant le Roi tendrement, que vous n’êtes que trop aimable, sans le secours des trônes, et que les bornes de ma félicité seront celles de vous plaire. »

Le Roi[1] ayant embrassé les genoux de sa maîtresse fut avec elle chez madame la Princesse[2], où il y avoit une bonne partie des dames

  1. Le récit qui suit se retrouve t. II, pp. 87-88.
  2. Claire-Clémence de Maillé Brézé, née en 1628, fille de Urbain de Maillé, marquis de Brézé, maréchal de France, etc., et de Nicole du Plessis de Richelieu, sœur puînée du cardinal. Mariée le 11 février 1641 à Louis de Bourbon, prince de Condé, elle mourut le 16 avril 1694. Les Mémoires de Lenet parlent longuement de sa conduite politique pendant la Fronde ; après cette bruyante époque, il est assez peu, mais assez mal parlé d’elle.