Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/284

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d’honneur de Madame[1] de dire qu’elle mourroit de chagrin si ce malheur lui étoit arrivé. — « Je me réserve, continua-t-elle, pour des plaisirs plus tranquilles et qui donnent moins de peine. » Madame qui étoit présente, et qui aime passionnément la chasse, lui dit en la regardant : « Je vois bien, ma chère, que les plaisirs de la chasse troublent votre imagination. » Madame la Dauphine[2] fit changer la conversation en parlant du bal que Sa Majesté devoit donner le lendemain. Ce fut un des plus beaux de tous ceux qui ont jamais paru. Tout y étoit charmant et magnifique. Le Roi y dansa avec son adresse ordinaire. Mais ce qui surprit le plus, ce fut qu’il prit deux ou trois fois une jeune demoiselle fort aimable et qui dansoit admirablement bien. Sa Majesté ne put se défendre du mérite de cette demoiselle, et lui dit plusieurs galanteries fort obligeantes, dont elle se tira avec une modestie toute charmante. Le Roi soupira souvent auprès d’elle, et lui dit[3] d’un air tendre et passionné, qu’il étoit malheureux d’avoir le cœur si susceptible aux attraits des belles. — « Hélas ! Sire, répartit cette jolie personne, un

  1. La seconde madame, Charlotte-Elisabeth de Bavière, la princesse Palatine, mère du Régent : elle avoit épousé le duc d’Orléans, veuf de madame Henriette, le 16 décembre 1671.
  2. Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, qui avoit épousé monseigneur le Dauphin, le 28 janvier 1680. Cette princesse étoit fille de Ferdinand-Marie, duc de Bavière, et de Adelaïde-Henriette de Savoie ; elle mourut le 20 avril 1690.
  3. Le dialogue qui suit manque dans le Passe-temps royal.