Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/283

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Versailles, séjour si rempli d’enchantements et si propre à inspirer les passions. Toute la Cour partit pour ce lieu ravissant et délicieux. Le Roi y renouvela tous les divertissements qui avoient été interrompus par son absence. L’on fut à la chasse tous les jours, et les dames qui accompagnent d’ordinaire Sa Majesté dans cet exercice y parurent infatigables. La santé de la belle mignonne de notre prince lui étoit trop chère, pour qu’il lui permît de s’engager comme les autres dans la course. Elle en eut le plaisir, sans se mettre au hasard, et vit de son carrosse tout ce qui pouvoit lui donner quelque satisfaction. La chasse finie, Sa Majesté descendit de cheval et prit place auprès de sa charmante et la conduisit dans son appartement. Cette jolie chasseresse étoit dans la plus belle humeur du monde. Elle dit mille galanteries à son amant sur le divertissement qu’une de la troupe avoit donné en tombant de cheval. Le Roi rioit sans retenue, particulièrement quand elle lui dit que cette chute devoit être fort sensible à cette aimable Diane, ne s’étant pas pourvue de caleçons[1]. Cela donna occasion à mademoiselle de Bonnifasse[2], fille

  1. On connoît les stances de Voiture « sur une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carosse à la campagne » ; mais c’étoit à une époque antérieure. Loret raconte une aventure semblable et ne tarit pas en éloges sur les beautés qui furent alors dévoilées aux curieux. — C’est à Mlle de Longueville, sage et respectée, que Loret adressoit les Lettres en vers de sa Muze historique.
  2. Le Passe-temps royal nomme cette fille d’honneur Mlle de Beauvais. Voy. t. III, p. 54.