Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

répartit cette jolie enfant, n’ai-je point goûté, et qu’il est doux d’entendre d’un prince si aimable des paroles si tendres et si engageantes. Mais, hélas ! qu’il est difficile de vous aimer sans crainte et sans inquiétude. Non, je ne puis posséder un cœur d’un prix aussi rare que le vôtre, sans en appréhender la perte. » Enfin après des termes si touchants, notre amoureux Monarque embrassa cette charmante, et lui jura une fidélité d’une étendue infinie, et qui seroit toujours égale[1].

[2]Le Roi et toute la Cour partit de Saint-Germain au commencement du mois de mai, pour le voyage de Flandre. Le dessein de Sa Majesté étoit de visiter toutes les conquêtes qu’elle avoit faites les années précédentes, et elle s’en retourna après avoir passé par Oudenarde, Courtrai, Lille, Dunkerque et Graveline. La présence de Sa Majesté, qui n’étoit pas attendue en ces endroits, alarma beaucoup ses ennemis ; mais leur crainte fut bientôt dissipée par l’assurance qu’il leur donna de ne vouloir faire aucune entreprise contre eux. Madame qui avoit laissé la Cour à Lille, en partit pour aller en Angleterre. Le désir que cette princesse avoit de voir le Roi de la Grande-Bretagne, son frère, fut le prétexte de son voyage. Il sembloit que Madame pressentoit qu’il n’y avoit pas de

  1. Le Passe-temps royal arrête ici le récit des amours du Roi et de Mlle de Fontanges. Ce qui suit ne se retrouve pas dans les pamphlets de ce Recueil.
  2. Encore une interpolation dans le texte. Au milieu des amours de Mlle de Fontanges (1680), l’auteur revient sur la campagne de Flandre (1667), dont nous avons déjà parlé.