Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/287

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temps à perdre pour donner à Charles second, son frère, les dernières preuves de son amitié, puisqu’elle mourut peu de mois après son retour de Londres en France.

Nous voyons ordinairement que les passions les plus violentes ne sont pas toujours de longue durée, et qu’ayant leurs bornes, comme toutes les autres choses du monde, il faut nécessairement les voir diminuer. Cependant celle du Roi pour mademoiselle de Fontanges nous fait connoître que le cœur de ce prince est au-dessus de la nature, et qu’il peut donner des lois sans les suivre. Remarquons ses manières tendres et empressées auprès de ce qu’il aime, et l’égalité qu’il fait paroître dans son amour, qui est aussi ardent après une conversation d’une journée, comme s’il ne faisoit que de naître. Il est vrai que l’esprit et la beauté de cette aimable personne servent beaucoup à soutenir les foiblesses de l’amour qui n’aime qu’à changer.

Le Roi ayant passé quelques semaines avec sa belle mignonne à lui donner les dernières marques de sa tendresse, la laissa à Saint-Germain respirer un peu la solitude. Cette charmante enfant se promenoit tous les jours seule sous des allées de verdure, en faisant la revue de toute la tendresse qu’elle sentoit pour le Roi ; mais dans de certains moments, son cœur paroissoit agité, et, quoique la passion de notre Monarque eût pour elle mille attraits et mille charmes, cette jolie bergère ne laissoit pas de regretter sa liberté et de faire entendre aux arbres inanimés les vers qui suivent :