Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/319

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affoiblie. — Il faut reprendre courage, Sire, répliqua madame de Maintenon, et l’amour renouvelle toutes choses et redonne la vie à ce qui paroît inanimé. Aimez encore une fois et vous revivrez. Vous savez le pouvoir que j’ai sur plusieurs aimables jeunes filles. Si votre amour en trouve une digne d’elle, il suffit qu’elle ait le bien de vous plaire. — Madame, répondit le Roi en riant, je sais qu’il y a sous votre conduite de quoi occuper ma tendresse ; mais vous avez depuis peu reçu dans cette assemblée une jolie enfant qui ne me déplairoit pas, et qui mérite bien les soupirs d’un galant homme. — Il est vrai, Sire, je sais de quoi vous voulez parler ; c’est de mademoiselle de Grancey[1], qui est la plus jolie de toutes celles qui sont à Saint-Cyr ; outre qu’elle est très-bien née, elle possède une douceur charmante dans tout ce qu’elle fait, qui la fait aimer de tout le monde. Le marquis de Joyeuse et de Villars[2], ses cousins, lui firent visite cette semaine et me prièrent avec toute l’honnêteté qui se peut imaginer de l’aimer un peu. Je leur répartis en souriant qu’il n’étoit pas besoin de le dire, que son mérite parloit assez. — « Ah ! madame, répondit le marquis de Joyeuse, nous n’en attendions pas moins de votre civilité et de votre honnêteté ; c’est pourquoi ma cousine ne pouvoit jamais arriver à un degré plus heureux que

  1. Aucune des demoiselles de Grancey ne figure sur les listes des demoiselles élevées à Saint-Cyr.
  2. La famille de Grancey n’avoit aucune alliance qui pût faire du marquis de Joyeuse ou du marquis de Villars des cousins de mesdemoiselles de Grancey.