Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/338

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à ce qu’il fait. Je vais le chercher sous ces feuillages. »

Mme de Souche courut en haut ouvrir l’armoire pour dégager le prince de Vaudemont, pendant que son mari alloit voir dans le jardin s’il le trouveroit ; ce qui fut inutile au pauvre comte, car M. Desnué n’y avoit pas été de la journée, ayant toujours demeuré proche de sa belle, à lui faire voir toute la force de son amour.

Sitôt que le prince fut sorti de prison, il courut au devant du comte et lui dit : — « Ah ! Monsieur, j’étois bien en peine de vous, ne vous ayant pas vu depuis le matin ; avez-vous fait bonne partie à la chasse ? — Monsieur, répondit le comte de Souche, en lui prenant la main, j’ai eu la fortune à mes gages, car tous les coups que j’ai tirés ont réussi, de sorte que je suis fort content. — Ah ! Monsieur, répondit le prince de Vaudemont, en contrefaisant toujours sa voix enrouée, c’est le plus grand plaisir du chasseur que la prise. Courir sans rien trouver est un exercice bien triste, mais je crois qu’il y a du bonheur à la chasse, comme au reste des choses du monde. »

Nos messieurs auroient encore continué leur conversation ; mais un des valets du comte lui vint dire que le souper étoit prêt, ce qui leur fit quitter la promenade et se mettre à table, où l’on dit mille choses galantes.

Après le souper l’on joua de la guitare et du tuorbe, où la comtesse, qui chantoit fort bien, mêla sa voix toute charmante, et dit plusieurs airs fort tendres que M. Desnué lui avoit appris et qu’elle trouvoit les plus jolis du monde, parce