Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/344

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au monde est la plus grande infortune qu’un homme puisse recevoir. Oui, Madame, continua ce passionné galant, il n’y a que la mort qui puisse effacer un si triste souvenir. — Ce que vous dites est vrai, répondit la comtesse en soupirant, mais nous ne pouvons pas nous opposer à notre destinée, qui suit les ordres reçus du premier des êtres, sans nous demander si nous sommes contents de ce qu’elle fait. — Il faut donc consentir à ses décrets aveuglément et sans résistance, répliqua le prince de Vaudemont ? — Oui, mon cher, nous y devons obéir comme forcés. C’est pourquoi, si je dois finir mes jours dans un monastère, vos efforts ne pourront l’empêcher. »

La comtesse, qui vouloit absolument se retirer dans une abbaye de Sainte-Claire, qui étoit composée de femmes qui avoient des différends dans le monde, dit adieu à son amant qu’elle laissa plus mort que vivant, et qui lui promit pourtant qu’en son absence, il alloit travailler à la bien remettre avec son époux afin de la pouvoir encore revoir et de lui pouvoir dire qu’il l’aimeroit jusques au tombeau.

Ce fut les dernières paroles que nos tendres amants se dirent, après s’être embrassés mille fois, qui furent accompagnées de tristes soupirs et de pleurs capables d’attendrir un cœur de marbre et d’amollir les rochers[1].

Le roi, depuis peu de jours, n’ayant plus rien à démêler avec le monde, et voyant que la fortune

  1. Le long épisode qu’on vient de lire ne se rattache en aucune façon ni à ce qui précède ni à ce qui suit.