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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/41

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mieux que n’avoit fait le duc de La Feuillade. Cette occasion s’offrit assez tôt, et la Cour étant obligée en ce temps-là d’aller à Fontainebleau, où la Reine devoit accoucher du dernier enfant qu’elle eut, et qui mourut peu de temps après, la comtesse de L… s’y rendit aussi[1]. Un lieu si délicieux et si agréable fut la

  1. Ce passage détermine la date de cette histoire. — Louis-François, duc d’Anjou, né le 4 juin 1672, mourut le 4 novembre suivant. Mais si nous connaissons la date de ce petit roman, l’auteur en plaçant son récit à Fontainebleau nous permet de douter de sa véracité. En effet, pendant presque tout l’été de 1672, Louis XIV tint la campagne sur le Rhin ; il assista au fameux passage du fleuve, dans les premiers jours de juillet ; il quitta le camp de Boxtel le 26 juillet et rentra à Paris le 2, à Versailles le 3 août.

    Pendant son voyage, dont la Gazette de France a noté toutes les étapes, la Reine accoucha du jeune prince dont il est ici question ; on écrivait de Saint-Germain-en-Laye le 17 juillet à la Gazette :… « Le 13, la Reyne au sortir de ses dévotions en l’église des Récollets, commença de sentir quelques douleurs qui l’empeschèrent d’assister au Conseil ; et, sur les dix heures du soir, ces douleurs l’ayant reprise, Sa Majesté se délivra heureusement, environ un quart d’heure après minuit, d’un très-beau prince, qui remplit ce lieu d’une joie extraordinaire. » Le sieur de Villaserre (sic, c’est-à-dire Colbert de Villacerf) fut chargé de porter la nouvelle au Roi, « de la part de la Reyne, qui n’en pouvoit envoyer une meilleure à Sa Majesté, en échange de celles qu’Elle luy mande tous les jours du champ de ses victoires. »

    La cour passa à Versailles le reste de l’été au milieu des fêtes. On lit dans la Gazette : « de Versailles, le 23 septembre : — La Cour continue de prendre ici les divertissemens de la saison, entre lesquels celui de la comédie a ses jours. — Le 17, la troupe du Roy y en représenta une des plus agréables, intitulée les Femmes sçavantes, et qui fut admirée d’un chacun. Le 20, les Italiens y jouèrent l’une de leurs pièces les plus comiques. Le 21, la seule