Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/8

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du comte de L…; elle ne fut pas toujours cruelle ; elle ne conserva pas toute sa vie l’affection du Roi, et elle n’usa pas de son influence pour avancer sa famille. Une telle réponse ne pouvoit que nous encourager à continuer nos recherches.

Mais, à notre grand déplaisir, après avoir épuisé toute la liste des noms en L…, il nous fallut procéder par hypothèse, et supposer que cette initiale avoit été choisie précisément pour dépister le lecteur. Dès que le nom ne paroissoit pas en toutes lettres, ne pouvoit-on penser, en effet, que l’auteur avoit pris toutes ses précautions pour que même une initiale ne pût aider à découvrir ce qu’il vouloit cacher ?

Nous donnons cette hypothèse : elle nous paroît plausible ; mais nous admettons qu’on la repousse.

Quoi qu’il en soit, nos recherches n’auront pas été infructueuses : si nous n’avons trouvé aucune comtesse de L… ayant eu l’occasion de résister aux tendresses de Louis XIV, nous avons du moins rencontré une femme qui, à l’initiale près, réunit toutes les conditions que nous étions en droit d’exiger, et cette femme est la princesse de Soubise.

Mme de Soubise était femme de François de Rohan, prince de Soubise, capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde ordinaire du Roi, qui était le second fils, et fils très-pauvre, d’Hercule de Rohan, duc de Montbazon. Veuf en août 1660 de Catherine de Lyonne, il épousa, le 17 avril 1663, Anne de Rohan-Chabot, « dame d’une vertu et d’un mérite très-distingués », dit Moréri, qui ne prodigue pas les éloges dans ses notices généalogiques. Née en 1648, Mme de Soubise avoit 24 ans à l’époque où se passe notre petit roman, et avoit eu déjà trois des dix enfants pour l’établissement desquels la bienveillance du Roi lui fut si utile. Mme de Sévigné, après avoir constaté les inquiétudes que les attentions du Roi pour la princesse causoient à Mme de Montespan, montre la favorite promptement tranquillisée ; elle nous apprend