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petit jap deviendra grand !

d’encens, on oublie sa misère. L’orgueil de se savoir si grand rend le cœur large et magnanime et la pauvreté n’apparaît plus alors que comme la rançon obligatoire et inéluctable de tant de gloire. On a beaucoup donné, on donnera encore, et l’on supportera ainsi stoïquement, non toujours avec enthousiasme, du moins avec résignation, le poids de plus en plus écrasant des charges et des taxes nouvelles.

Voilà le secret peut-être de cette explosion perpétuelle de gaieté turbulente chez ce peuple que les lendemains victorieux de la guerre devraient rendre paisible et soucieux.

Mais à la pratique perpétuelle de ce sport joyeux ils sont passés maîtres, incontestablement. Partout, dans le nord même où la misère fut noire, très noire[1], j’ai vu des

  1. Dans trois départements du nord de Nippon (île principale), la misère fut si grande dans l’hiver 1905-1906 que la plupart des habitants étaient réduits à se nourrir de boulettes de paille hachée et grillée mélangées d’un peu de riz ou de mil, véritables boules de granit. Cette détresse, je l’ai vue de mes propres yeux.