Là, suffoqués, ahuris, ils se tiennent debout, attendant une place ; les femmes, apeurées sous leur voile qu’elles serrent toutes tremblantes ; lui, décontenancé, honteux en même temps qu’irrité par ce manque d’égards insultant.
La cité coréenne appelée bientôt à disparaître sous la poussée inverse des deux villes japonaises qui cherchent à se rejoindre.
Japonais et Japonaises s’esclaffent et ne
paraissent nullement disposés à abandonner
une place. Apitoyé, je cède mon coin, je le
débarrasse de mes bagages et les femmes s’y
glissent, heureuses de se dérober aux regards
moqueurs qui s’accrochent sur elles. Enfin,
blotties sur les banquettes, elles s’immobilisent en une pose de statue, uniquement
soucieuses de maintenir leur long voile obstinément fermé sur le visage. Et par la rigueur
de cette étiquette, étant condamnées à ne rien
faire, c’est le mandarin, ce grand homme sec,
à la figure respectable et fine, parée de lunettes
d’écaille énormes et d’une barbiche longue et
rare, qui s’inquiète pour elles et pour tous.
Il va, s’agite, s’occupe de son personnel et
de ses bagages égarés tout le long du train,